Le retour au bureau aura une incidence sur les animaux de compagnie. Des amoureux des bêtes le savent et mettent en garde : ils craignent une vague d’abandons, cet automne.

Sonia Bérubé, la copropriétaire du centre éducatif canin Ô Poils, dans le quartier Saint-Sacrement à Québec, résume la situation ainsi : Imaginez le chien qui aurait été adopté il y a un an, qui a été habitué à être toujours en présence de ses humains, qui du jour au lendemain change complètement de routine. Pour ce chien-là, ça peut être très déstabilisant.

Son mot d’ordre : ne pas attendre la dernière minute.

S’y prendre seulement maintenant pour septembre, c’est presque déjà trop tard, considère-t-elle.

Sa recommandation : y aller graduellement. Un conseil que prodigue également Marie-Pierre Rainville, vétérinaire à l’hôpital de l’Ormière, à Québec.

Le secret est de laisser seul son animal sur de courtes périodes pour commencer, puis pendant un temps de plus en plus long jusqu’à atteindre l’équivalent d’une journée de travail complète, explique-t-elle.

Et n’hésitez pas à lui laisser tout plein de jouets qui vont le stimuler mentalement et l’empêcher de remarquer votre absence, ajoute Samuel Côté, le fondateur du refuge Les Fidèles moustachus, à Québec.

Un chien de petite taille oreilles dressées regarde vers l'extérieur par une porte-fenêtre.

Les animaux de compagnie adoptés pendant la pandémie, en temps de confinement, ont pris l’habitude d’avoir leur maître, voire la famille au complet, en permanence à leurs côtés.

PHOTO : RADIO-CANADA

Avec la pandémie, chiens, chats et autres animaux de compagnie ont gagné de l’importance.

Le confinement a fait en sorte que les personnes se sont rapprochées des animaux, elles ont plus vu ce qu’ils peuvent leur apporter, dépeint Samuel Côté.

Au début de la crise sanitaire, ce fut la ruée.

L’année dernière, tout le monde voulait avoir un animal, confirme Félix Tremblay, directeur général de SPA Québec.

Et la tendance se confirme encore. Samuel Côté annonce les chiffres suivants : En ce moment, on peut avoir jusqu’à une trentaine, une quarantaine de demandes pour un animal. Et je sais que certains éleveurs ont des listes d’attente de deux ou trois ans.

Malgré cela, ces deux responsables de refuges s’inquiètent pour les mois à venir.

On ne croit pas qu’une seule année a suffi à changer les mentalités. On espère que les gens vont poser les bons gestes. Mais on s’attend à ce que dans les prochains mois, malheureusement, on doive composer avec des gestes irresponsables, confie Félix Tremblay.

Selon lui, beaucoup de propriétaires décideront de se séparer de leur compagnon à quatre pattes, dès la rentrée. En particulier s’il supporte mal la solitude et devient ingérable.

Limiter les dégâts

Samuel Côté en est lui aussi persuadé. Il s’est rendu compte que les problèmes de comportement sont le principal motif des abandons d’animaux.

Souvent, les personnes vont donner d’autres raisons. Elles vont dire qu’elles n’ont plus de temps pour leur animal, qu’elles ont développé une allergie… Mais en réalité, c’est l’accumulation du problème de comportement qui fait que les personnes ne sont plus vraiment capables d’endurer l’animal.

En prévision de cette future crise, la SPA Québec et Les Fidèles moustachus se mettent en ordre de bataille. Pour garder des cages libres et éviter la surpopulation, le refuge de Félix Tremblay refuse dorénavant de prendre en charge les animaux abandonnés ou trouvés dans des municipalités avec lesquelles il n’a pas conclu de contrat.

Celui de Samuel Côté cherche dès maintenant à élargir son réseau de familles d’accueil.

Présentement, on en a une cinquantaine. L’idéal serait d’en avoir le double, voire plus.

Tous les deux veulent éviter d’avoir recours à l’ultime solution : l’euthanasie.